Entre mars et septembre 2018, la filiale a licencié plus de 130 de ses salarié·e·s, en majorité des femmes, qui venaient de s’affilier au syndicat turc Petrol-Iş. Elles et ils souhaitaient faire valoir leurs droits face aux conditions de travail déplorables dans l’usine : salaires très bas, exposition à des produits nocifs en l’absence d’équipements adaptés, heures supplémentaires imposées, discriminations contre les femmes.
Or ces violations auraient pu être évitées si le Groupe Yves Rocher avait respecté son devoir de vigilance. Adoptée en 2017, la loi sur le devoir de vigilance oblige les grandes entreprises françaises à établir, publier et mettre en œuvre de façon effective un plan de vigilance contenant des mesures adaptées d’identification des risques et de prévention des atteintes graves aux droits humains, aux libertés fondamentales, à la santé et à la sécurité qui résultent des activités de leurs filiales, y compris à l’étranger.
Alors que le Groupe Yves Rocher est devenu une « société à mission » et que son PDG, Bris Rocher, s’est vu confier par le Gouvernement une mission sur « la gouvernance responsable des entreprises », le groupe n’a rendu public son plan de vigilance qu’à partir de 2020, après avoir été mis en demeure par Sherpa et ActionAid. Et ses plans de vigilance publiés depuis ne font aucunement état des risques d’atteintes aux droits fondamentaux des travailleur·se·s causés par les activités de sa filiale turque, ni des mesures de prévention prises pour les éviter.